Véritable exutoire créatif, l’art de l’autoportrait est une pratique qui m’est chère. Celle-ci me permet d’incarner mon émotion de l’instant présent, en la cristallisant de manière durable grâce à mon appareil photo. Réaliser des autoportraits me donne la possibilité de vous proposer des thématiques variées de séances photos, en vous dévoilant tout un panel de mises en scène que nous pouvons ensuite reproduire pour vous-même, lors d’un shooting familial ou en solo.

L’image emblématique de la sorcière est une de celles qui me fascine le plus. Tour à tour magicienne, guérisseuse, puis figure manipulatrice ou encore bouc émissaire de siècles de bien-pensance, cette femme de pouvoir est avant tout la figure de proue de la Liberté.

La sorcière dispose d’une multitude de représentations culturelles et artistiques. Le peintre Goya l’imaginait en sororité plurielle, entourant le Dieu cornu avec ses acolytes lors d’un bien connu et fantasmé sabbat. Dans une autre ère, les années 80 ont instauré l’âge d’or de la sorcière moderne : féminine, intégrée dans la société, parfois même mariée et non dénuée d’humour, incarnée sous les traits pimpants d’une Nicole Kidman ou d’une Michelle Pfeiffer. Plus récemment, l’alliance du féminisme et du combat écologique de la société contemporaine a donné lieu à l’avènement de la sorcière moderne, éclectique et assumée, mais parfois soumise à l’effet de mode.

Mon interprétation de la sorcière a pour vocation de s’affranchir de tout courant déjà instauré. Je ne suis jamais rentrée dans une case, ressentant un sentiment de trop grande appartenance à une multitude de croyances et d’univers fragmentés pour me revendiquer appartenir à un seul d’entre eux.

Ma sorcière s’imagine en pleine nature, fidèle à mon style photographique. Toutefois, la nature est habitée, ou l’a été ; la clairière est ponctuée d’un rail de chemin de fer et d’un portail en fer forgé, parcouru par le lierre éternel. Ces touches de présence humaine confèrent à l’ensemble un aspect narratif qui me parle, tout en apportant de la densité à l’ensemble. Ni médiévale, ni moderne, ma sorcière interprète un retour à la terre et à la paysannerie d’antan, là où guérisseuses et rebouteux parcouraient les villages pour soigner, désenvoûter et donner naissance.

Ma sorcière ne s’incarne pas dans le clivage moral du positif et du négatif, du bien et du mal, du Ciel et des Enfers. Indépendante, férue de liberté, ses valeurs résident dans la nature et le retour aux sources. Figure indémodable et résiliente, elle parcourt les terres sauvages à la recherche d’authenticité, et, pourquoi pas, de magie…